2. Responsabiliser notre ado
Je ne parle pas ici de son agenda, son propre argent, ses dépenses et ses actes. Non. Même si je pense que les parents peuvent utilement jouer un rôle de coach en développement personnel pour leur ado dans tous ces aspects de la vie quotidienne et j’en ferai un article prochainement.
Pour l’aider à devenir vraiment responsable de sa vie en général, il est bon de commencer par l’aider à devenir responsable de ses propres pensées.
C’est une faculté qui n’est plus beaucoup enseignée à l’école : apprendre à réfléchir par soi-même. C’est la clé de la vraie liberté. Et nous parents, sommes les mieux placés pour y lui enseigner cette compétence qui peut déterminer son avenir.
Le responsabiliser dans sa capacité à raisonner vraiment par lui-même
Puisque les repères et les critères de votre jeune ado ne sont pas les mêmes que les vôtres, vous pouvez l’inviter à réfléchir par lui-même à ses propres agissements.
Le secret pour responsabiliser un ado : Eviter de le blâmer et le juger, plutôt lui donner l’envie d’être responsable de son comportement.
Relation de confiance avec son ado : l’erreur à éviter
Si vous lui mettez trop de contraintes, il va se sentir pris au piège. Il sera perdu, déchiré entre, d’un côté le désir de faire comme les autres jeunes, de tester ses limites et, de l’autre côté le désir de respecter ses parents et leurs valeurs. L’exemple de mon amie adolescente est éloquent : « Je ressentais que je ne pouvais pas rendre ma mère heureuse, puisque je n’arrivais pas à me conformer aux limites qu’elle essayait de me mettre et aux valeurs qu’elle essayait de me transmettre, j’étais déchirée intérieurement. » Peut-être qu’en apparence votre enfant se comporte en rebelle (égoïste et inconscient), mais ça ne veut pas forcément dire qu’au fond de lui-même il est convaincu de bien faire. Une solution est donc de lui suggérer de réfléchir par lui-même, et de regarder en lui :
Une bonne question à poser à un ado : « Si tout le monde le fait, est ce que ça veut forcément dire que c’est bien, que c’est juste ? «
Si vous arrivez à lui suggérer des moments de réflexion, d’introspection, de calme ; si vous arrivez à lui faire comprendre que c’est nécessaire de se remettre en question, d’interroger son propre cœur avant de se fier à ce qu’on a lu sur internet ou à ce que les autres disent… alors il est fort possible qu’il va se rendre compte par lui-même que ce qu’il fait n’est pas juste, il va alors se sentir responsable de ses comportements, et agir en conséquence.
Pour l’aider à trouver ces moments de calme et de réflexion, il est vital de l’aider à limiter sa consommation des écrans. Seul il n’y arrivera pas, il a besoin de vous pour cela. J’en parlerai dans un prochain article car les écrans ont des effets néfastes d’une ampleur très sous-estimée sur le développement de nos enfants. Notamment, les écrans les empêchent d’avoir ces moments de calme, d’ennui aussi, qui sont propices à l’auto-réflexion.
3. Conseil aux parents d’un adolescent difficile : la thérapie par l’histoire
Crise existentielle liée à une crise de sens
Aujourd’hui le sens de certains mots a été complètement subverti, ils n’ont plus du tout la même signification qu’il y a 100 ou 200 ans. Prenez le mot « liberté ». Autrefois, être libre signifiait avoir l’esprit et le cœur libres, être libre de toute dépendance. Dans les philosophies grecque et latine, on considérait que les besoins matériels et les désirs nous rendaient esclaves et donc malheureux. Accéder à liberté consistait donc à se détacher des choses matériels et des désirs.
Ça, c’était avant.
Aujourd’hui « être libre », c’est pouvoir faire tout ce que l’on veut sans limite, sans entrave, satisfaire tous ses désirs. C’est une idée largement répandue dans tous les domaines de notre vie, la société, les médias, la culture, l’éducation. Est-ce que pour autant on est plus heureux qu’avant ?
D’ailleurs a-t-on une vision juste de comment c’était avant ? Pourquoi ne pas se faire notre propre idée en allant voir par nous-mêmes et en encourageant nos jeunes à explorer le passé. On peut trouver beaucoup d’inspiration dans les cultures d’autrefois. Par exemple, ce sont les trésors que j’ai trouvés dans la culture ancestrale chinoise qui m’ont poussée à créer Éduquer Avec Sagesse. Ce sont aussi les héros de cette histoire de 5000 ans qui fascinent mes enfants. La preuve: ils regardent plus volontiers un film, un dessin animé ou une série basée sur l’histoire chinoise qu’un Disney (même s’ils aiment bien aussi de temps en temps). Ils disent que c’est plus intéressant, les personnages sont plus complexes, moins simplistes, plus inattendus et les intrigues sont pleines de rebondissements etc. Moi aussi, étant jeune, je me suis tournée vers cette vieille Chine pour donner du sens à ma vie. Ce sont les philosophies taoïstes et bouddhistes qui m’ont donné des réponses à mes questions d’adolescente occidentale. J’aurais bien aimé être exposée à notre vieille cultures européenne, mais je n’ai pas eu cette chance alors je me suis tournée vers l’Asie. Et j’ai construit mon bonheur en puisant dans la richesse du passé.
Aujourd’hui à l’Ecole Lotus Sacré, que j’ai co-fondée en 2018, on enseigne les contes traditionnels chinois pour inspirer les enfants dans le développement de leur caractère. En observant le comportement des héros historiques, ils réfléchissent à leur propre comportement, c’est un outil puissant de développement personnel.
S’appuyer sur les valeurs du passé pour inspirer le présent
Laetitia raconte : « Mes parents ont eu beau me répéter pendant des mois et des mois que ce que je faisais n’était pas juste, je ne pouvais tout simplement pas être d’accord avec eux, car je ne pouvais pas comprendre en quoi mes agissements posaient problèmes. »
En découvrant la méthode traditionnelle chinoise Falun Dafa, elle a appris à vivre selon trois principes simples, Vérité, Bonté Patience. Ce sont des principes ancestraux que l’on retrouve à la fois dans le bouddhisme et la taoïsme, mais enseignés de manière très simple et efficace, à appliquer sans attendre dans son quotidien. Cette sagesse ancienne lui a permis de régler ses problèmes du quotidien et grandement améliorer sa relation avec ses parents. Elle raconte : « J’ai vu que les appliquer [Vérité, Bonté, Patience] me faisait du bien à moi-même et aux autres. Et que cela avait un impact beaucoup plus fort, que les gens autour de moi m’appréciaient réellement, et que je n’avais plus besoin de « suivre le courant » pour que l’on m’apprécie. »
Le conseil de Laetitia
En tant que parent « il faut être capable d’expliquer à votre enfant POURQUOI ce qu’il fait n’est pas bien, et quel impact négatif cela à sur lui et sur son entourage. Mettez l’emphase sur les avantages d’un comportement orienté vers la bienveillance. Si le jeune prend conscience du pouvoir de la bienveillance, alors il n’y aura plus besoin de lui mettre des limites. Il se mettra lui-même des limites et il sera tout simplement heureux. »
4. Ne pas chercher à tout contrôler dans leur vie
Ça, c’est bien ce qu’il y a de plus difficile pour moi et sur lequel je travaille le plus, d’autant plus depuis que j’ai interviewé Laetitia.
Agir comme un guide
Tout contrôler dans leur vie ne fera qu’empirer les choses. Vous ne pouvez contrôler la vie de personne. Vous pouvez agir comme un guide, un conseiller, un soutien. Mais jamais vous ne serez à même de décider de sa vie, peu importe vos efforts.
Si vous faites déjà tout ce que l’on a dit ci-dessus, ou même que vous appliquez un seul conseil, mais bien, vous n’aurez plus besoin de vous inquiéter autant qu’avant. Car la communication sera rétablie ou bien vous aurez réussi à transmettre l’importance de cultiver la bienveillance pour être heureux. Faites confiance à la vie. Parfois, un individu doit toucher le fond pour pouvoir remonter la pente. Ça a été le cas de Laetitia : « mes parents voulaient me protéger et m’empêcher de m’enfoncer dans une vie d’excès, mais en fait, c’était tout simplement mon chemin. Il fallait que j’aille au bout de ce chemin d’excès pour réaliser par moi-même à quel point je souffrais intérieurement, à quel point ça n’avait aucun sens, et pour avoir envie de remonter vers la « lumière ».
Etre présent tout en lâchant prise
D’un autre côté, Laetitia a eu la chance de découvrir cette méthode, le Falun Dafa, qui l’a aidée à « remonter vers la lumière » comme elle dit.
Certains jeunes n’ont pas cette chance et leur vie peut devenir un cauchemar. Dans ces cas-là, nous parents nous sentons bien démunis et il est très difficile d’intervenir pour les aider même avec toute la bonne volonté. Quand on a la sensation qu’ils nous échappent, pour plein de raisons, c’est très très douloureux. On regrette, on a peur, on se culpabilise.
C’est pour vous aider à ne pas en arriver là que j’ai écrit cet article. Je l’ai écrit comme un guide pour vous, parents. Pour moi aussi, j’avoue, car je continue à apprendre.
Lâcher prise, c’est très difficile, mais si vous suivez vraiment ces 5 conseils, vous verrez la différence.
Aux conseils de Laetitia, j’ajoute mon grain de sel : « vous aussi cultivez la bienveillance, envers vous-même d’abord et envers les autres ». C’est vraiment magique. Pour être un bon guide pour votre enfant, vous devez être inspirant pour lui. Aucun parent n’est parfait, mais s’il travaille sur lui, notamment en étant plus bienveillant, les enfants le voient et ça les inspire.
Comment poser des limites à un adolescent
L’affection et le soutien
La bienveillance est d’autant plus nécessaire qu’elle les protège même des conduites à risques, tel que le montre un article de recherche sur les « Troubles du comportement chez les adolescents » de la Harvard Medical School : « Les adolescents qui peuvent compter sur l’affection et le soutien de leurs parents sont moins enclins à avoir des conduites à risque. »
Mais ceci suppose que l’on pose le bon cadre. L’article précise que l’affection et le soutien fonctionnent « lorsque les attentes parentales vis-à-vis du comportement de leur enfant sont claires et que les limites comme l’encadrement sont établies de façon cohérente. »
Avec les enfants, j’ai appris et observé qu’il vaut mieux prévenir que guérir, le mieux est de commencer tôt, mais encore faut-il pouvoir se reposer sur de bonnes bases. Or on est un peu perdus aujourd’hui avec des conseils parfois contradictoires. Bienveillance, oui. Fermeté, comment ?
Il n’est jamais trop tard pour bien faire en éducation. Pour poser des limites cohérentes, vous pouvez vous lire « Les 6 conseils pour poser le bon cadre. »
Si vous avez besoin de passer à l’action et rectifier le tir à la maison, vous pouvez visiter l’espace formation d’Eduquer Avec Sagesse pour trouver des fiches pratiques inspirée de sagesses ancestrales et qui fonctionnent de tout temps.
La magie de ce cadre inspiré du passé est qu’il est un support de développement personnel pour l’enfant et le parents, vous allez apprendre à votre enfant à développer ses qualités.
5. Mettre en évidence les qualités de nos enfants
La compétition positive
On la critique beaucoup. La compétition est très présente dans toute la société, à l’école, en entreprise et dans les médias.. Il faut être le meilleur à l’école, le plus cool aux yeux de ses amis, avoir les habits les plus à la mode, être le plus beau, avoir du succès, etc.
Cela crée un climat quotidien parfois anxiogène pour les jeunes, sans même qu’ils en aient conscience. Dès lors, l’enjeu pour nous parents est d’aider notre adolescent à choisir des choses saines pour exercer son esprit de compétition et non pas subir ce que la culture moderne lui impose (plus de « like » sur Instagram, plus de vêtements de marque, plus de followers sur TikTok etc.)
Si l’on choisit bien son « combat », la compétition peut-être bénéfique. plutôt que d’être victime d’influences extérieures qui le font pas grandir ni s’épanouir, l’adolescent peut apprendre à se dépasser pour :
- maîtriser un instrument de musique
- exceller dans un sport qui lui plaît
- développer une compétence artistique qui l’attire
- briller dans la matière scolaire qui le passionne
Aidez-le à repérer ce qui le plonge dans un été de « flow ». Alors … entendons nous bien, on ne parle pas de jeux vidéos ni d’écrans divers sur lesquels ils adorent passer du temps. L’état qu’ils ressentent alors est très loin du « flow » ou du « Tao » de la sagesse chinoise. En effet lors de ces activités passives l’enfant consomme plutôt que de créer ou être activement en train de développer ses compétences. Le plaisir procuré n’est pas le fruit de sa capacité créative.
Le concept de « flow » a été développé dans les années 90 par le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi dont les études se sont concentrées sur le bonheur. Il a lui même vécu la guerre et la perte de ses proches. C’est en jouant aux échecs, puis en s’adonnant à la peinture qu’il a découvert et étudié ce concept de « flow », sous l’influence de Carl Gustav Jung. Son idée rejoint celle du philosophe chinois Zhuang Zi proche du taoïsme.
Encourager, mais pour de bonnes raisons
Dans l’éducation positive aujourd’hui, j’ai observé une tendance qui consiste à donner la priorité à :
- ne pas blesser l’orgueil des enfants,
- éviter de les frustrer
- leur donner confiance en eux
On a l’impression qu’il faut les encourager coûte que coûte, leur apprendre à s’aimer comme ils sont, et ne surtout pas leur parler de leurs défauts pour nourrir leur confiance en eux.
Mais auront-ils confiance en eux et seront-ils fiers d’eux s’ils n’arrivent pas à se contrôler, s’ils développent des défauts qui leurs créent des problèmes au quotidien ?
Ne faut-il pas plutôt les encourager à :
- développer leurs qualités
- se surpasser
- contrôler leurs émotions négatives
- prendre goût à faire des efforts pour accomplir leurs buts
- devenir meilleurs en réduisant leurs travers
Les valoriser oui, donc, mais pour de bonnes raisons. Récompenser leurs efforts, leur faculté à dépasser leurs limites, à apprendre à devenir meilleur.
Avec cela à l’esprit, valorisez-les plus souvent. Dites-leur qu’ils sont extraordinaires.
Apprenez-leur à ne pas se comparer aux autres constamment. Ils vous seront vraiment gré de cela, parce que ce n’est pas le genre de chose que l’école ou la société va leur apprendre.
Les phrases magiques pour valoriser votre enfant
De manière concrète, voici 12 phrases à dire à votre enfant, le moment venu, elles sont tirées sur site Apprendre à Éduquer.
Pour leur donner confiance
- Je crois en toi.
- J’ai confiance en toi.
- Même quand c’est dur et que cela représente un vrai défi, tu peux puiser dans tes ressources pour y arriver, à ton rythme.
- Tu es une partie essentielle et indispensable d’un tout.
- Tu peux faire une différence dans ce monde.
- Tu es capable de réaliser bien plus que ce que tu crois. »
Pour leur (re)donner la motivation
- Mets ton cœur dans tout ce que tu fais.
- Ce qu’on fait avec amour et joie réussit toujours car l’amour mis dans l’action compte plus que le résultat.
- Tu n’es pas en train d’échouer, tu es en train d’apprendre.
- Parle moi de ce qui te passionne, de ce qui t’enthousiasme.
- Qu’est-ce qui te fait vibrer ?
- Quelle est la pire chose qui pourrait arriver si tu essayes ? Quelles sont les preuves qui te laissent penser que le pire arrivera ? Es-tu absolument sûr que c’est vrai ? Trouve au moins trois idées pour que cela n’arrive pas. »
Pour conclure, on a débuté cet article par une note négative, un constat alarmant sur le mal-être de beaucoup d’adolescents aujourd’hui. Et tout en développant ces 5 conseils inspirés par la sagesse de Laetitia tout juste sortie de l’adolescence, ne trouvez-vous pas que cohabiter avec vos ados peut être un formidable chemin de développement personnel ?
Pour aller plus loin, vous pouvez contacter Laetitia sur sa sa page Facebook et sa chaîne Youtube.
En plus d’avoir un avis éclairé sur la psychologie des adolescents, elle porte un regard très juste sur les actualités et, cerise sur le gâteau, elle est férue d’histoire 😉