De la même manière que les enfants ont besoin d’un cadre et qu’il n’est pas facile de le fixer; nous aussi, parents, avons besoin d’une feuille de route pour nous y retrouver.
Quels principes se fixer ? Ni trop durs, ni trop laxistes.
Nos principes d’éducation sont-ils vraiment bons pour les enfants, vont-ils les guider dans un sens qui sera bénéfique pour eux ?
Les principes sont un peu un socle solide sur lequel les enfants pourront s’épanouir et grandir sans développer de travers difficiles à rectifier une fois adultes. On m’en a donné des conseils ! J’en ai lus sur Internet, beaucoup, certains étaient excellents, d’autres catastrophiques lors de la mise en pratique, parfois avec des effets pernicieux à long terme. J’ai beaucoup expérimenté, payé les pots cassés. Alors c’est pour éviter des déconvenues à d’autres parents que j’ai établi cette liste. Volontairement courte. 6 ce n’est pas énorme, n’est ce pas ? Et la liste ambitionne de couvrir tout ce qu’il faut savoir pour ne pas faire de (trop) grosses erreurs et éviter que des problèmes s’installent et grossissent au point qu’il soit trop tard pour rectifier le tir.
Comme je continue à apprendre moi-même – mes enfants ayant beaucoup à m’enseigner d’ailleurs – je vais continuer à enrichir cette liste. Si vous avez envie ou le temps de vous former car c’est toujours intéressant, je sélectionnerai de bonnes (formations) pour vous, après les avoir testées, alors abonnez-vous au blog pour ne rien manquer. Mais en attendant, pour ceux qui n’ont pas le temps de se former tout de suite, voici les 6 points essentiels résumés en un article.
Jamais la récompense avant l’effort
Je me suis faite avoir assez de fois pour ne plus la faire celle-là. La psychologie humaine est ainsi faite que l’on fait plus facilement des efforts à la perspective d’une récompense, quel que soit l’âge, que ce soit la gloire ou un bonbon. Certains enfants n’ont pas besoin d’avoir une récompense pour bien se comporter, faire leurs devoirs etc. Les aider à raisonner leur suffit. Mais d’autres ont besoin d’une récompense pour se motiver à chaque effort fourni…Alors, oui, ça peut être un piège, de ne les faire bouger que pour des récompenses. Donc les récompenses sont à manier avec modération et justesse. Ne pas promettre une sortie à Disney pour le motiver à faire ses devoirs juste un soir. Votre investissement en temps et en argent serait un peu disproportionné en regard de l’effort fourni par l’enfant. Mais pourquoi pas son plat préféré au dîner en échange de tous ses devoirs bien soignés ?
L’astuce du contrat à partir de 10 ans
Une autre astuce qui fonctionne à long terme, c’est le contrat. On rédige, ensemble, un contrat qui engage chacun à faire des efforts. Pourquoi pas en échange d’un gros cadeau à mériter ? On l’écrit à la main, on le décore de jolis dessins. Je pourrais vous montrer notre exemplaire, mais c’est propre à chaque famille selon le caractère de chacun. Chez nous on en a rédigé un pour le premier ordinateur de notre fille (réservé aux cours en ligne et au montage vidéo dans le cadre des projets de famille). Le contrat a permis de lister tous les points où l’enfant avait des progrès à faire. Et si le contrat n’est pas respecté, la sanction est écrite noir sur blanc. Pas besoin de s’énerver.
Les avantages sont les suivants :
- motivation à tenir sa parole
- conflits évités puisque tout est écrit et on sait à quoi s’attendre si on ne tient pas sa parole
- engagement et respect mutuels
- relations de confiance renforcée
- support écrit pour s’améliorer
- souplesse possible avec la possibilité d’ajouter des avenants, réviser le contrat, le resigner etc.
- éducation au droit de manière ludique et motivante
- Etc.
- à vous de compléter 😉
Mériter chaque cadeau
La culture du mérite et de l’effort revient à la mode. C’est presque devenu une forme de résistance à la société de consommation et de satisfaction permanente des plaisirs. C’est un véritable phénomène de société qui est apparu au grand jour avec le succès étonnant du psychologue clinicien canadien Jordan Peterson. Ses idées et sa renommée font le tour du monde, grâce à Youtube, il inspire des jeunes et des moins jeunes aussi à :
- arrêter de se plaindre
- se dépasser
- se remettre en cause pour devenir meilleurs
- mettre de l’ordre dans leur propre vie
- fonder une famille
- se responsabiliser dans tous les aspects de leur vie, personnelle, professionnelle
- se prendre en main pour atteindre leurs buts au lieu de dépendre des autres
Ce sont des valeurs que l’on peut enseigner au quotidien aux enfants dès leur plus jeune âge. Quand mes enfants ont envie de quelque chose, je leur demande ce qu’ils pourraient faire pour le mériter.
Soit ils me le disent eux-mêmes avec enthousiasme et se mettent à faire des choses qu’ils n’auraient JAMAIS faites sans la perspective de la récompense qu’ils ont choisie. C’est ainsi qu’un jour ils étaient soudain hyper motivés pour faire le ménage de TOUTE la maison, et elle est grande …Ou alors ils n’ont aucune idée et j’en ai moi, à leur donner. Ils me font confiance. Si on s’entend sur l’effort à fournir pour mériter la récompense, ça fonctionne.
Transmettre dès 6 ans la valeur des choses
Apprendre une langue à 5 ans est beaucoup plus facile qu’à 30 ans ou même à 15. C’est même facile et naturel. Cela s’applique presque pour tout, y compris la gestion de ses affaires, de sa chambre, de son argent. Dans cette vidéo, (en anglais, désolée) Rachel Cruze explique comment elle a appris, très jeune, la valeur des choses, en travaillant et maintenant elle aide ses clients à sortir de leurs dettes et retrouver une santé financière.
Conseil Numéro 1 : l’argent vient du travail, des efforts
Les enfants peuvent comprendre cela très tôt, dès qu’ils saisissent la notion de cause à effet. J’ai toujours eu du mal à accepter de donner de l’argent de poche comme si c’était un dû. A l’inverse, évidemment, pas question de payer votre enfant dès qu’il fait une tâche ménagère, sinon, ils ne participeront aux tâches familiales qu’à condition de gagner de l’argent, ce n’est pas souhaitable. Cette erreur là, je l’ai faite. Aider la famille fait partie du jeu collectif comme expliqué dans cet article sur les 10 Règles de vie pour une famille harmonieuse, mais pour certaines tâches plus difficiles et répétitives, chaque jour, on peut récompenser l’enfant par de l’argent de poche en fin de semaine. Il l’aura mérité en faisant des efforts bénéfiques aux autres. Je connais une maman qui travaille à temps plein. Le soir quand elle rentre, elle a le grand réconfort de voir que ses 3 enfants ont fait le ménage, la vaisselle et rangé leur chambre, toutes les semaines, toute l’année. Chaque semaine elle leur donne chacun un peu d’argent de poche. Avec le temps ils ont économisé et s’offrent régulièrement ce qu’ils veulent.
Conseil Numéro 2 : laissez-les faire des erreurs, avec LEUR argent
Évidemment vous avez un droit de regard sur ce qu’ils achètent. Pas question de ramener un serpent à la maison ou des jeux vidéos. Enfin, chez vous si vous voulez, mais chez nous, ça ne passe pas la porte, c’est comme les cartes pokémon. Mais laissez leur faire certaines erreurs, et en tirer leurs propres leçons pour ne plus les refaire. Faire des erreurs étant jeune avec de petites sommes d’argent et en “payer” les conséquences (sans l’aide des parents) leur permettra d’éviter de faire de plus grosses erreurs une fois adultes, quand de plus grosses sommes d’argent seront en jeu. Ça me rappelle un proverbe de sagesse populaire que j’ai entendu étant jeune :
“Petits enfants, petits soucis, grands enfants, grands soucis.”
Conseil Numéro 3 : leur apprendre à économiser
L’argent que vous gagnez, c’est celui que vous ne dépensez pas, celui que vous économisez. Si vous n’économisez pas, et que tout ce qui rentre sort aussitôt, chaque mois, vous n’avez pas d’argent. Combien d’adultes autour de vous savent économiser ? Et si leurs parents le leur avaient appris quand ils étaient petits ? Cela n’aurait-il pas fait la différence ? Si les gens n’ont pas appris à économiser, ils sont plus susceptibles de s’endetter pour acquérir ce dont ils ont envie. Ils ne pourront pas accumuler de richesses car leur salaire servira à rembourser les dettes au lieu de se donner les moyens d’investir dans un projet à moyen ou long terme. L’important c’est d’acquérir cette habitude dès l’enfance. Peu importe combien d’argent, mais une partie de l’argent gagné doit servir à faire des économies. Mieux vaut aider ses enfants à maîtriser la question de l’argent très jeune, ne pas en faire un tabou comme c’est le cas dans notre société française. Je n’approfondirai pas les raisons qui nous ont amenés jusque-là, même si j’ai ma petite idée. J’ai plusieurs exemples dans mon entourage qui prouvent combien on peut souffrir de n’avoir pas appris à économiser étant jeune. C’est assez tragique de voir des proches dans cette situation car on ne peut pas toujours les aider juste en leur donnant de l’argent. A la longue, ça ne fait que remettre à plus tard la résolution du problème de fond. Or c’est beaucoup plus difficile de se corriger une fois adulte. Autant commencer dès l’enfance à avoir une relation saine à l’argent.
Ne rien laisser passer : trop dur ?
Quand une amie (de l’âge de ma mère) m’a lancé ça il y a 10 ans, je n’ai pas compris. Ça m’a donné la (fausse) impression qu’il faut être autoritaire, sévère et ne rien laisser passer, agir dans la seconde et sévir. J’ai d’abord rejeté le conseil mais ça a continué à me travailler. Dix ans plus tard, je comprends ce conseil complètement autrement et le trouve très efficace finalement et très bienveillant aussi. Mon fils a tendance à me lancer des provocations pour voir si je réagis. “Maman, je ne fais pas mon cours de français tout de suite.” Evidemment, c’est toujours quand je viens juste de lui donner toutes les raisons de faire ce cours en premier. Il me lance cela à bonne distance, souvent depuis une autre pièce de la maison… pour éviter ma réaction potentiellement désagréable. En vérité il attend de voir si ça passe. Silence ? C’est bon, maman ne dit rien = FEU VERT.
Là, j’ai deux solutions :
- Soit je laisser s’exprimer mon agacement, pour ne pas dire mon exaspération
- Soit je respire un grand coup et lui réponds simplement “Ce n’est pas ce que je viens de dire. On en parle tout à l’heure, je t’attends.”
Et souvent il vient de lui-même au bout d’un moment. S’il ne vient pas et s’échappe dans le jardin ou pour aller aider son père à quelque bricolage, je saisis la première opportunité pour lui rappeler : “tu te souviens, on doit parler de quelque chose.” Donc je ne passe pas à autre chose, ni manger, ni jouer, ni parler tant que l’on n’a pas réglé cette question. C’est ça, “ne rien laisser passer”. 0 colère. Pas besoin. Tout le monde est gagnant. Alors oui, ça prend plus de temps, mais ça fait moins de dégâts aussi. La colère fait du mal non seulement à celui sur qui elle tombe, mais peut être plus encore à celui qui la laisse exploser. Aveu de faiblesse, perte de contrôle de soi, rupture de l’harmonie relationnelle.
Encourager et respecter la propriété personnelle
Pour cultiver la valeur de partage et de générosité, il est bon d’apprendre à respecter la propriété privée. Ça vous semble paradoxal ?
Quand mes enfants étaient petits j’ai fait l’erreur de les forcer à partager. Je ne respectais pas le fait que leurs affaires étaient à eux, je voulais qu’ils partagent. Mais j’ai compris un truc.
Est ce que j’aime, moi, qu’on me prenne mon argent, sans me dire combien exactement, sans me demander mon avis, et sans me dire ce que l’on va en faire précisément ? Est ce que j’aimerais, moi, que l’on squatte ma maison, qu’on me prenne ma voiture, sans me le demander ? J’aime bien prêter mes affaires, mais bon faut demander, quand même. On ne peut pas forcer quelqu’un à être généreux et ce n’est pas en le privant de ses biens qu’on va le rendre généreux. Tout en respectant l’espace personnel de l’enfant, sa chambre, ses jouets, ses affaires, on peut, en même temps lui enseigner à être généreux, à partager, à donner aux autres. Et cela passe par le respect de la propriété de chacun. Apprendre tôt le principe de propriété privée, personnelle, est important dans la mesure où cela implique aussi d’apprendre à:
- soigner ses affaires
- en être responsable
- respecter les affaires des autres
Et enfin, pour prendre plaisir à donner, être généreux, il faut apprendre à posséder et bien entretenir ses affaires.
Tenir sa parole
Les enfants sont plus inspirés par nos actes que pas nos paroles. D’où la réussite de la pédagogie du modèle qui est la plus naturelle, le plus instinctive, à la base de tout enseignement comme je l’évoque dans cet article sur les 8 manières de mieux transmettre son savoir aux enfants. Si l’on dit quelque chose à un enfant et que l’on fait le contraire, il ne laissera pas passer, et il a raison. D’un autre côté, ce n’est pas parce que les parents sont imparfaits qu’ils ne peuvent pas donner de conseils et éduquer leurs enfants.
Vous imaginez ? Comment pourrait-on éduquer un enfant s’il nous disait toujours “toi tu as mal fait alors je ne t’écoute pas,” n’est ce pas une idée pernicieuse qui saboterait toute tentative d’éducation ? Donc oui les parents ont le droit de faire des erreurs et d’être imparfaits. D’ailleurs, c’est même ça qui nous définit en partie, nous les parents ;-/ Pas que, heureusement. Nous sommes en recherche permanente pour mieux faire. Enfin, pas tous, mais la plupart on va dire. Étonnant : 5 siècles avant Jésus Christ, Confucius avait tout prévu. Le sage prévoyait que les enfants aient le droit d’indiquer gentiment à ses parents quand ils ont tort. C’est d’autant plus surprenant de la part d’un philosophe qui exaltait la piété filiale, le respect de l’autorité. Comme quoi, c’était mieux avant à certains égards 😉 Ce principe de Confucius est donc un moyen de réconcilier l’autorité des parents et la libre expression des enfants.
Dernier petit conseil pour la route
Comme toute règle, pour qu’elle soit appliquée et éviter le piège du ressentiment, elle doit s’assortir d’une juste et bienveillante sanction en cas de non respect. La sanction doit être exprimée calmement, sans colère ni ressentiment : “Tu as dépassé la limite, n’est ce pas ? Donc on fait comme on a dit: tu me rends l’appareil, il est confisqué jusqu’à …(durée décidée ensemble).” C’est l’enfant qui doit le donner, on ne lui prend pas de force. Il faut qu’il accepte et intègre la règle et ses conséquences. S’il refuse d’obtempérer, on ne s’énerve pas, on fait un pas en arrière et on lui dit que l’on attend, qu’il vienne à nous pour l’apporter. S’il revient en faisant comme si de rien n’était en parlant d’autre chose – mon fils est expert dans cette stratégie – on lui rappelle que l’on attend toujours l’appareil et on ne parle pas d’autre chose avant d’avoir réglé la question. C’est une question de parole, de promesse, de contrat de confiance.
WOW, vous m’avez lue jusque là ! Vraiment ? Savez-vous que dans une semaine vous aurez oublié 75% de ce que vous venez de lire ? Alors pour vous aider à vous souvenir des points essentiels, comme d’habitude, je vous ai préparé une fiche mémo à télécharger tout en haut de cet article.
J’attends vos commentaires, ils sont précieux pour contribuer à améliorer cet article.