Avez-vous la sensation d’avoir plein de choses à apprendre aux enfants, et pourtant, vous perdez vite patience, vous n’arrivez pas à leur donner envie d’apprendre avec vous. Les enfants n’ont pas l’air captivés ni suffisamment impliqués pour s’approprier ce que vous leur transmettez ?Vous êtes frustrée. Le temps passe, ils grandissent, comment allez-vous permettre à vos enfants ou vos élèves d’acquérir toutes les connaissances qui feront d’eux des gens cultivés, épanouis, autonomes, capables d’apprendre et réfléchir par eux-mêmes.
Les écoles classiques sont-elles vraiment supérieures ?
Que l’on soit de religion chrétienne ou autre, croyant ou athée, force est de constater qu’en France les écoles chrétiennes ont un niveau supérieur à la norme en terme de résultats et de réputation. Même des parents athées y inscrivent leurs enfants. Vous avez un doute ?Je suis par exemple tombée sur cette vidéo de l’Ecole Sainte Bernadette à Tarbes qui montre des enfants en primaire réaliser des calculs mentaux, dont certains à virgules, à une vitesse étonnante. “Ces enfants ne sont pas des surdoués mais des enfants ordinaires. Et surtout, tous y arrivent, y compris des enfants encore en difficulté il y a 6 mois. Ce résultat est obtenu grâce à une équipe pédagogique professionnelle et passionnée.”
Pourquoi ces écoles classiques sont-elles supérieures ? Comment peut-on s’en inspirer pour améliorer notre façon d’enseigner ?Pour la transmission du savoir elles s’inspirent de la tradition gréco-latine et ses grands penseurs de la pédagogie. Mais l’enseignement moral et spirituel qui les différencie des écoles publiques n’est pas étranger à leur réussite. En effet elles traitent les enfants de manière holistique, sans se limiter à leur éducation intellectuelle. Elles favorisent aussi leur épanouissement spirituel, ce qui offre aux élèves une certaine hauteur de vue et une meilleure aptitude au bonheur.J’ai trouvé une pépite sur Youtube. Une conférence qui énonce avec beaucoup de simplicité les 8 clefs d’une éducation d’excellence. La vidéo, en anglais, est tellement riche et dense que j’ai décidé, avec l’aimable accord de son auteur, de la transcrire par écrit. Pour moi d’abord, j’avoue 😉 mais pour vous aussi, car je sais que cela peut aider d’autres que moi, parents ou professeurs. Mon but est de pouvoir appliquer ces conseils simples mais profonds dans notre quotidien. Christopher Perrin y explique les “Height principles of classical pedagogy”, c’est un concentré de sagesse extrait de nombreuses lectures de pédagogues qui se sont inspirés de la sagesse antique.
Comme toute sagesse universelle, elle est applicable à toutes les époques, dans tous les pays.
Pédagogie : Comment bien enseigner ?
Pour éduquer les enfants, on cherche souvent des techniques, des méthodes qui fonctionnent. Vite. Or la pratique tire son inspiration d’une théorie, d’une philosophie ou de principes. Le problème de la théorie, c’est qu’elle nous éloigne de la pratique en classe et de l’enseignement en soi. D’un autre côté, si notre pratique n’est pas inspirée par des principes, elle en est affaiblie, appauvrie.
Kant disait :
« La théorie est absurde sans la pratique et la pratique est aveugle sans la théorie. »
La pratique et la théorie sont comme un couple de danseurs qui ne s’arrêtent jamais. Un échange permanent entre les deux. Si l’on comprend la théorie en profondeur, alors la pratique vient naturellement.
Une méthode pour apprendre à enseigner
Tout au long de l’article – si vous me suivez jusqu’au bout – c’est bien parti déjà 🙂 hé bien, pour que vous en retiriez tout le bien que je vous souhaite, je vous propose de faire l’exercice suivant
Exercice pour vous
Parce qu’il faut bien que vous travailliez un peu aussi 🙂
Pour chacun des 8 principes qui suivent : trouvez un moyen concret, rien qu’à vous, d’appliquer chacun de ces 8 conseils en éduquant ou en instruisant vos enfants, vos élèves.
Ensuite, mettez-moi en commentaire le résultat de vos trouvailles. Je sélectionnerai les meilleurs exemples pour les intégrer à la prochaine version révisée de l’article afin qu’il inspire mieux encore d’autres lecteurs.
C’est un moyen pratique d’intégrer à votre quotidien ces théories qui font leurs preuves depuis des millénaires. C’est un moyen de les mémoriser aussi, en les appliquant. Et vous verrez combien vous pouvez être créatif en vous inspirant de solides théories qui fonctionnent. Enfin, vous gagnerez du temps.
Plutôt que de tester des méthodes dont on ne sait pas si elles produiront des effets aussi bénéfiques à long terme, je vous propose de vous inspirer de ces ressources de sagesse qui ont formé de grands esprits de notre histoire. Mon but est qu’en sortant de cet article, vous ayez trouvé de nouveaux moyens d’enseigner pour aider vos enfants ou vos élèves à :
- Mémoriser tout en s’amusant
- Apprendre avec plaisir
- Réfléchir par eux-mêmes
- Apprendre à être libre intellectuellement
- Etre autonomes
- Savoir reconnaître ce qui est beau, juste et bon
- Avoir envie de continuer à apprendre, seuls, même après le cours
Vous êtes prêts ? Voici les 8 secrets de la réussite de l’éducation inspirée de la tradition classique gréco-romaine.
1er conseil : Festina lente – Hâte-toi lentement
N’avez-vous jamais ressenti, pris dans une activité, que vous vous êtes dépêché et au final vous avez perdu du temps ?N’avez-vous jamais senti que vous êtes si occupé que vous n’avez pas le temps de réfléchir à votre journée, ni de vous organiser ? Vous sautez dans l’action dès le matin et vous êtes déjà en retard. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus sage, n’est ce pas ? La meilleure formation que j’ai suivie quand j’étais commerciale, concernait la gestion du temps. J’y ai appris, et je le lis partout maintenant sur les blogs de productivité, que si l’on passe 20 minutes à planifier sa journée et 1 heure à planifier sa semaine, on récupérera 5 à 10 fois de temps et d’efficacité. Combien de fois vous êtes vous lancé dans un projet, avec enthousiasme, pour réaliser que vous avez perdu du temps. Pensez au proverbe du charpentier : “mesure deux fois avant de couper une seule fois.” Quand vous bricolez par exemple, vous mesurez, coupez et quand vous appliquez le morceau de bois ou de papier peint, vous réalisez que vous avec trop coupé. Bon pour la poubelle.
En éducation, c’est pareil. Hâte-toi lentement. Conseil du premier empereur romain, Auguste, à ses généraux. Pour atteindre l’excellence, avec vos enfants, vos élèves, prenez votre temps, ne les pressez pas, ne leur mettez pas la pression. Si vous vous précipitez, que vous êtes trop ambitieux, trop zélé, en apparence, l’enfant a 1 an, 2 ans, 3 ans d’avance sur les autres parfois et maîtrise l’algèbre avant les autres mais vous n’avez pas respecté l’une des vertus de l’enseignement qui est la modération. En résumé, ne pas attaquer ce qui est au delà des capacités de l’enfant, ni des nôtres. Bien sûr il ne faut pas tomber dans l’autre extrême qui serait de traîner et d’être paresseux, car ne pas exploiter pleinement ses capacités est une autre violation de la tempérance. En effet, pour bien étudier, il est bon d’apprendre à faire des efforts et savoir dépasser les désirs qui nous tiraillent dans tous les sens. Tempérance donc. Pour revenir au 1er conseil “hâte toi lentement”, si l’on n’a pas validé chaque étape dans l’ordre, la suite peut poser problème. Par exemple, en anglais, si l’on n’a pas appris les 200 verbes irréguliers, ou du moins les 72 les plus utiles, il est difficile ensuite de faire des phrases sans faire d’erreurs sur des verbes courants. A l’école, les professeurs sont pressés, obligés aussi, de couvrir le programme et d’avancer même si les élèves n’ont pas tous acquis les compétences requises pour passer à la suite. Dans l’instruction en famille, on s’est fixé un programme, ou celui du cours par correspondance, on veut tout finir dans les temps, alors parfois on choisit d’avancer au lieu de vérifier si les notions abordées sont vraiment intégrées. C’est un vrai défi que celui de savoir si l’on passe plus de temps sur une notion pas tout à fait maîtrisée ou si l’on choisit de passer à la suite. On est souvent pressé, impatient d’avancer, on a peur de ne pas y arriver, que l’enfant soit en retard, ou soi-même 😉 or le premier principe pour parvenir à l’excellence éducative est précisément de prendre le temps de solidifier chaque notion apprise avant de passer à la suivante. Ceci est lié au 2e principe qui est la qualité, pas la quantité. Si l’on veut acquérir des connaissances, on ne peut pas en ingurgiter trop à la fois.
2e conseil : Multum non multa – La qualité, pas la quantité
On ne peut pas enseigner 10 matières à un enfant et s’attendre à ce qu’il les maîtrise toutes, sans parler de les aimer. Et pourtant à l’école on voit des enfants dont l’emploi du temps leur fait enchaîner, combien, 5, 6 matières par jour ? Passer d’un cours à l’autre au son d’une cloche, en portant un lourd sac à dos. A quoi on rajoute le sport, la musique et pourquoi pas des cours de rattrapage ? On arrive vite à une dizaine d’activités. Et j’oubliais les évaluations, chaque semaine dans certains cas. Rien de tel pour tuer l’envie d’apprendre, non ?Parce que l’on veut en faire trop. Multum non multa veut dire la qualité, pas la quantité. “Google nous rend-il stupide?”. Dans cet article Nicholas Carr, auteur américain spécialiste de la technologie et de la culture remarque qu’il pouvait autrefois se plonger dans une lecture en restant concentré et en suivant le fil d’un long argumentaire sans s’interrompre, alors que maintenant cela lui demande beaucoup d’efforts. Il n’y arrive plus. Certes les recherches sont facilitées grâce à Internet mais le système a fait de nous des zappeurs invétérés, incapables de se concentrer plus longtemps qu’une ou deux pages. Vous me suivez toujours ? C’est que vous n’êtes pas aussi atteint que cela alors 😉
Dans le monde moderne, il est très facile d’être distrait et tiraillé dans tous les sens. Je ne pas être le petit bout de beurre que l’on étale sur une trop grande tartine…Mieux vaut approfondir quelques matières bien choisies et les maîtriser plutôt que de rester en surface dans un grand nombre de matières. N’avez-vous jamais entendu “J’ai pris des cours d’espagnol au lycée mais ne me demande pas de parler espagnol.” On a pris des cours mais on n’a rien appris. On ne nous a pas demandé de les maîtriser, tout simplement parce que c’est impossible quand on suit 8 matières en même temps. Imaginez. Quand vous avancez sur 8 fronts en même temps, sachant très bien que vous ne pourrez jamais maîtriser aucun d’eux, cela peut être décourageant, non ? On a l’impression de survoler les choses, d’être amateur dans tout, expert en rien. Le mieux est l’ennemi du bien. En voulant en faire trop, on fait moins bien. En littérature vous avez peut être lu des œuvres de grands auteurs, Racine par exemple. Mais avez appris à vraiment apprécier ce qu’il a écrit ? Vous aimez ? Vous êtes capable de transmettre votre engouement à d’autres ? Ce n’est pas de la faute de Racine, il reste sans conteste l’un des plus grands auteurs de la littérature française, malgré les siècles qui passent. Avez-vous passé assez de temps avec l’auteur, au contact de ses œuvres ? Peut être que votre professeur n’a pas pu passer assez de temps, lui-même, avec Racine. Sans doute qu’il devait couvrir le programme mais qu’il n’avait pas une admiration ou une connaissance profonde de Racine et ses œuvres. Or si vous n’avez pas un professeur qui est passionné par les œuvres qu’il présente à ses élèves, vous êtes désavantagé dès le départ. Il vaut mieux faire une longue et belle étude de quelques œuvres qui vous passionnent pour permettre à vos élèves, vos enfants, de les maîtriser et les apprécier en profondeur.
CS Lewis, grand auteur irlandais de littérature pour enfant, notamment Le Monde de Narnia pensait qu’en enseignant trop de choses en même temps aux élèves, on prive les enfants de l’espoir d’en maîtriser jamais une seule. CS Lewis a eu la chance, pendant 3 ans, d’avoir un précepteur ancien maître d’école, qui lui a enseigné le latin. Il a lu des œuvres grecques et latine en version originale. Toute la journée son précepteur débattait avec lui, lui demandant d’exprimer son opinion et de la justifier par un argumentaire solide. Il apprenait la dialectique, l’art de raisonner et de convaincre. Ce sont ces 3 années qui lui ont permis d’être admis à la prestigieuse université d’Oxford. Bien sûr je ne veux pas dire qu’il faut se réduire à 3 matières ou seulement, latin, grec, mais cette expérience nous enseigne qu’il est bon de faire moins mais mieux. Ainsi on réalise que l’on va plus loin et plus solidement. L’éducation nationale française veut réduire l’enseignement du latin et du grec, appelées “langues mortes”. Or le professeur et auteur Douglas Wilson a fait l’observation suivante: les élèves qui viennent de la filière des langues anciennes, à long terme, excellent plus en sciences que les élèves qui viennent de la filière scientifique.
3e conseil : Repetita mater memoriae – La répétition est mère de la mémoire
Avez-vous déjà observé combien les jeunes enfants aiment répéter les choses, une chanson, une blague, un geste, une danse. Quand ils aiment quelques chose, ils en parlent sans cesse, ils jouent avec, jouent et jouent encore. C’est ainsi que cela doit être. Enseigner, c’est aussi utiliser cette capacité naturelle qu’ils ont, la cultiver. La répétition est votre amie. Christopher Perrin, conférencier et formateur en éducation classique, a visité beaucoup d’écoles pour y optimiser leurs méthodes d’enseignement, il observe que l’on utilise trop peu la technique de la répétition créative pour mémoriser les choses. Parce que nous adultes, n’aimons pas toujours répéter les choses, ça nous agace même. On le fait par la force des choses, mais rarement par plaisir.
Et pourtant… Quand on est passionné par quelque chose de bon, beau et juste, on a envie de le partager, sans se lasser de le faire, n’est ce pas ?Par exemple le Falun Dafa, cette méthode de Qigong chinois ancien, quand je l’ai découverte, je ne pouvais pas m’empêcher d’en parler à tous mes proches et même des connaissances récentes. Avec ses 5 exercices méditatifs doux et lents et ses 3 principes, Authenticité, Bienveillance, Patience cette méthode m’a changé la vie, physiquement, mentalement et dans mon rapport aux autres. Encore aujourd’hui, quand j’ai un échange sympathique avec quelqu’un, c’est à dire toujours ;-), naturellement, à un moment donné, je vais avoir envie de parler du Falun Dafa.
Jeunes enfants pratiquant le 2e exercice, méditatif, du Falun Dafa
C’est comme les enfants qui découvrent une chose pour la première fois, quelque chose qui leur fait du bien ou les émerveille. Ils ne se lassent pas d’en parler et en parlent à tout le monde avec une certaine candeur, une spontanéité qui vient de la motivation de partager ce qui nous semble bon, beau et juste. N’est ce pas justement le but de l’éducation ? Présenter aux enfants des choses qui soient bonnes, vraies et belles pour laisser ensuite ces choses bénéfiques agir d’elles mêmes sur les enfants. Si l’on y parvient, ils vont avoir envie de revivre cette expérience autant que possible, encore et encore. La répétition ne signifie pas que l’on fasse exactement la même chose à chaque fois. Au contraire, en utilisant la répétition de manière créative, sous des formes différentes, on regarde, on discute, on réfléchit sur ces choses dignes d’être vues, lues et entendues, sans s’en lasser. Pour qu’une chose soit mémorisée, il faut y revenir environ 10 fois avant qu’elle ne soit stockée dans notre mémoire profonde. Vous voulez devenir excellent au piano, au golf, en anglais, en danse ? Pour devenir expert dans un domaine, il faut compter 10 000 heures de travail, soit 10 ans en y travaillant 3 heures par jour. C’est un long processus. Une bonne éducation prend du temps. On a besoin de répéter les choses, répéter et répéter encore, d’en faire moins pour devenir bon à quelque chose. Platon disait que l’on n’était pas qualifié pour diriger une cité (une ville) avant l’âge de 50 ans. Repetito mater memoria, est ce que vous revenez régulièrement sur les choses importantes à mémoriser ?Quand vous apprenez quelque chose, en une semaine vous ne pouvez pas cocher la case en pensant l’avoir fait. Il faut la réviser la semaine suivante, le mois suivant, l’année suivante, faire des exercices jusqu’à ce que l’on maîtrise le concept appris et qu’il soit gravé dans notre mémoire à long terme. Savez-vous que 75% de ce que vous lisez dans cet article sera oublié dans une semaine ? C’est triste non ? J’ai fait tous ces efforts pour partager avec vous ces trouvailles que je trouve géniales pour améliorer notre façon de transmettre des connaissances à nos enfants, et vous en aurez oublié les trois quart dans une semaine !? Qu’en restera t’il dans un mois ? Et dans un an ?Alors pourquoi est ce que je me donne toute cette peine, et pourquoi vous embêter à tout lire ? A quoi est ce que l ‘on consacre son temps ? Ça mérite d’y réfléchir, non? Vous êtes toujours là déjà, ça fait plaisir 😉 Well, j’ai posté ça sur Internet pour que vous puissiez y revenir, plus tard. Vous pourrez le relire, et surtout j’ai préparé une fiche mémo pour vous aider à vous souvenir des 8 principes essentiels pour améliorer votre pédagogie. Vous pouvez la recevoir dans votre boîte mail, gratuitement, ici et en bonus vous allez pouvoir mémoriser les fondements de l’éducation antique : le trivium et le quadrivium.
4e conseil : Chanter pour mémoriser ou la répétition créative
Les enfants aiment chanter, donc pourquoi ne pas leur faire chanter leur déclinaisons latines ou leurs verbes irréguliers anglais ? Quand ils entendent un air de musique qui leur plaît, ils vont le chantonner. Utilisons leur habilité à chanter pour mémoriser. Le chant est un formidable outil pédagogique, surtout en maternelle, mais avec un peu de talent – donc pas pour moi – de créativité et de pratique, on peut y recourir en primaire aussi. J’ai toujours voulu apprendre à chanter car il me semble que le chant favorise l’équilibre et l’épanouissement. N’avez-vous jamais ressenti que “vous avez une musique dans la tête” ? Ce que l’on chante “rentre” dans notre tête et dans notre corps aussi. D’où l’importance de bien choisir les influences musicales auxquelles on expose nos enfants. En effet il est prouvé que certaines sonorités et harmonies peuvent favoriser leur développement. C’est vrai pour les autres œuvres culturelles. Pour commencer vous pouvez lire déjà “Je fais les bons choix pour mes enfants”. Parenthèse fermée. On peut chanter de tout son coeur et avec tout son être. En tout cas c’est l’impression que donnent les grands chanteurs. Ce qui nous amène au :
5e conseil : L’Apprentissage incarné
L’apprentissage n’est pas seulement un processus mental. On pourrait penser que si l’on a communiqué les bonnes idées à nos élèves, on leur a appris quelque chose. Mais la façon dont on se met à être convaincu de quelque chose, la manière dont on agit, dont on aime n’est pas forcément le fruit d’un échange intellectuel ou rationnel. L’éducation n’est pas l’information mais plutôt la formation. Pas seulement transmettre des faits et des idées, mais former leur caractère, leur coeur, leur apprendre à s’épanouir, quelles que soient leurs prédispositions. Or cela passe plus par les cinq sens que par l’intellect. L’atmosphère et l’environnement ont plus d’influence sur ce que pensent et ressentent les élèves. Autrement dit, on évolue en ressentant les choses plus qu’en y réfléchissant. Donc nous devons prêter attention à ce qui touche aux cinq sens pour mieux enseigner.
Charlotte Mason qui est l’une des pédagogues les plus célèbres du monde anglosaxon, disait qu’une école doit ressembler à une maison. Pour bien apprendre, l’enfant doit être dans un intérieur accueillant, chaleureux, beau, agréable, avec un jardin à l’extérieur, une forêt ou un espace vert plaisant à voir. L’architecture est importante aussi, elle doit être belle, harmonieuse, doit donner envie d’y vivre. Or les salles de classe, souvent, ne sont pas vraiment des lieux où l’on aurait envie de vivre ni passer plus de temps. Elles n’inspirent pas à l ‘enfant une réflexion sur ce que Platon appelait le beau, le vrai et le juste. Nous devons repenser la décoration, l’architecture, pour avoir un meilleur impact sur le développement des enfants.
Ce qui conditionne la motivation et l’envie d’apprendre de l’enfant n’est pas le professeur devant le tableau, mais tout ce qui sollicite ses cinq sens. Que fait un enfant quand il sort de l’école ? Oreillettes, écrans, vidéo, Facebook, jeux vidéos, centre commercial. Dans son livre Desiring the Kingdom [Lien Amazon], l’universitaire et écrivain James KA Smith compare les centres commerciaux à des institutions religieuses. Les top modèles sont les icônes, la liturgie est réglée par la musique commerciale et la stratégie marketing, l’idéal de vie à poursuivre est celui de consommer ce que la publicité nous dit de consommer, avec la promesse d’y trouver le bonheur. On y va en groupe, c’est une expérience collective. Tout cela façonne l’esprit des gens et d’autant plus des enfants, qui sont plus malléables et influençables. A ce propos vous pouvez aussi voir cette excellente vidéo “Nos enfants sont des éponges” que j’ai trouvée sur Youtube aussi.
Comment apprendre à enseigner
Pour faire face à cette liturgie de la société de consommation à outrance, et réduire les effets négatifs du monde moderne sur les enfants, nous devons développer une pédagogie qui soit en elle-même une liturgie. En s’inspirant de Platon, Aristote ou Saint Augustin, cultiver l’amour de ce qui est vrai, bon et juste, on pratique une pédagogie du désir d’apprendre. On pourrait définir ainsi l’enseignement, il consiste à former les enfants à aimer ce qui est digne d’être aimé.
D’où proviennent nos influences ?
Quand vous êtes fatigué, comment enseignez-vous ?De la manière dont on vous a vous même enseigné autrefois. Quand vous êtes énervé, comment disciplinez-vous les enfants ?De la manière dont on vous a discipliné étant petit. Ne sous-estimez pas la manière dont votre être a été façonné par des années d’enseignement, 7 heures par jour, 5 jours sur 7 par des enseignants formés à des méthodes pédagogiques qui sont peut être éloignées de vos valeurs. C’est sans doute le cas si vous retrouvez dans les valeurs décrites dans cet article. En effet toute pédagogie provient d’une certaine vision anthropologie de l’homme. Or en France, aux Etats Unis et Canada, depuis les années 60, la politique est entrée à l’école comme le démontre en détail cet excellent éditorial d’Epochtimes (en anglais seulement pour l’instant, désolée). A l’école, on n’apprend plus COMMENT penser mais plutôt QUOI penser, le politiquement correct.
Comment ré-apprendre à réfléchir par soi-même ?
Dans quelle mesure sommes nous libres d’esprit ? Nous avons l’illusion de l’être, mais réfléchissons nous encore vraiment par nous-mêmes ? A ce propos, j’ai préparé une ressource pour aider les enfants (et les adultes car nous aussi avons été conditionnés à penser d’une certaine façon) à exercer leur capacité de raisonnement.
C’est une ressource que je complète au fur et à mesure de mes trouvailles, alors abonnez-vous au blog pour ne pas manquer les prochaines découvertes.
Apprentissage incarné par quoi, par qui ?
S’il a eu le mérite de réfléchir sur ce qui pouvait être amélioré dans l’ancien système, le changement idéologique survenu à l’école depuis les années 60 a coupé radicalement notre société de ses racines gréco-latines, chrétiennes, et de ses grands penseurs, privant notre Enseignement de l’une des plus anciennes pédagogies d’excellence. Or ces pédagogies étaient basées sur une vision holistique de l’être humain. CS Lewis dit que même ce petit bonhomme de 4 ans à qui vous lisez un livre est un être humain à part entière qui doit être respecté en tant que tel. Montre-moi comment tu enseignes et je te dirai quelle est ta vision de l’être humain. Notre philosophie de vie a donc tout à voir avec la manière dont on enseigne.
Comment apprendre à enseigner ?
Pour apprendre à mieux enseigner, et mieux apprendre aussi, cela vaut donc la peine de passer un peu de temps à se questionner sincèrement sur la vision que l’on a de l’être humain. C’est très difficile, car cela suppose la capacité à remettre en question son système de valeurs pour se demander si les influences que l’on a reçues sont réellement bénéfiques ? Très peu de gens sont capables de faire cet exercice. Je vous invite à y réfléchir dans la ressource du blog “je fais les bons choix pour mes enfants”. Même si l’on aime et respecte les enfants, on ne réalise pas à quel point leurs capacités sont grandes déjà et leur potentiel énorme. Comment va t’on les aider à déployer ce potentiel ?Ce qui nous amène au conseil suivant sur une autre capacité naturelle et extraordinaire des enfants, utile à l’enseignement :
6e conseil : Émerveillement et curiosité
Surpris que ce soit un principe de pédagogie ?Dans son livre Norms and Nobility, David V. Hicks postule que coeur de l’éducation classique est un cœur de recherche et de curiosité. Si l’on ne cultive pas un esprit curieux et émerveillé, on ne peut pas être aligné avec la tradition de nos ancêtres. Les étudiants ont besoin d’être curieux et d’être en admiration devant ce merveilleux univers dans lequel nous vivons. Les enfants viennent avec cet émerveillement de manière innée. Si vous apportez une grenouille rouge au milieu de jeunes enfants, ils vont s’émerveiller, pousser des cris d’étonnement, observer avec concentration ses moindres mouvements. C’est une bonne chose, le premier pas pour apprendre, c’est inné chez eux, mais il faut le protéger car en évoluant dans le système éducatif cet émerveillement va s’éteindre. Quand ils auront 12 ans, leur faculté à s’émerveiller aura déjà été étouffée. Josef Pieper dans Leisure / The Philosophical Act: The Basis of Culture, nous reconnecte à la notion d’émerveillement dans l’éducation. Selon lui l’émerveillement mène à l’enthousiasme ou au respect et le respect mène ensuite à la sagesse. Est ce que nos modes d’enseignements suivent ce processus ?
Education classique : définition
Par classique, on entend inspiré de la tradition gréco-latine. Or il se trouve que ce modèle suit le développement de l’enfant. La médecine chinoise avait découvert les canaux d’énergie du corps il y a des millénaires alors que la science actuelle, bien que très développée, n’a toujours pas les outils pour les observer. De la même manière la sagesse antique avait conçu une pédagogie et des modèles d’enseignement parfaitement adaptés au développement de l’enfant. Quelle meilleure validation de ce modèle que cette réalité historique : pendant des millénaires, l’éducation classique a produit des esprits brillants et épanouis, des libres penseurs, des Victor Hugo et des Albert Einstein.
Les années maternelles
Durant les années d’école maternelle, comment enseigner suivant la tradition classique ? On leur enseigne la piété (le respect pour les parents, les professeurs, les ancêtres); la gymnastique (pas seulement le sport, mais ses valeurs, la camaraderie, la relation aux autres, l’esprit d’équipe); et musique; lire et écrire bien sûr. Enfin on les encourage à s’émerveiller, à être en harmonie avec ce qui les entoure. Ce sont des années fondatrices pour guider un enfant à s’épanouir en tant qu’être humain plus tard. Ce sont durant ces jeunes années que l’on forme un esprit classique, qui va les guider jusqu’à la fin de leur études. Ce sont les années où ils apprennent à s’émerveiller de tout ce qui est beau, bon et juste.
Les années primaire
Durant les années “grammaire”, à l’école primaire, l’éducation classique est une éducation musicale, mais pas dans le sens de “musique”. Les disciplines de la phase grammaire sont inspirées des muses de la mythologie grecque : la poésie, l’histoire, le chant, la danse; autre exemple Polymnia est la Muse de la Rhétorique, donc de l’éloquence. Et tout est relié et interdépendant, par exemple, l’étude de l’histoire est un moyen de montrer du respect à ses ancêtres, en suivant le principe de Piété. Puis viennent les Arts, les 7 arts libéraux, le Trivium et le Quadrivium. Le Trivium, ce sont les trois grandes phases pédagogiques : Grammaire (école primaire), Logique (collège), Rhétorique (Lycée) ; ce sont aussi 3 des 7 arts libéraux Le Quadrivium : (sciences) est arrivé plus tard : Arithmétique, Astronomie, Musique, Géométrie Mais comment, concrètement, les enseigner à chaque stade du développement de l’enfant ? C’est un savoir riche et profond que certaines écoles commencent à maîtriser, notamment aux Etats Unis. Pour débuter, la première chose à faire est d’avoir un diagramme récapitulatif sous les yeux pour s’en imprégner progressivement. Pour vous aider à intégrer ces notions tout droit venues de la sagesse antique de notre culture, recevez ici gratuitement la fiche sur les fondements de l’éducation classique.
7e conseil : Les vertus de l’élève
Si vous n’avez pas d’élève qui ait les vertus de l’étudiant ou vertus intellectuelles, vous avez, certes, des enfants, mais vous n’avez pas d’élèves. Bienveillance, Humilité, Courage, Persévérance, Constance, Modération. A la racine du mot “élève” on trouve le mot “studere” désignant quelqu’un qui est passionné par l’étude, par tout ce qui est authentique, bon et beau. En effet on est capable de bien étudier uniquement les choses que l’on aime. Parents et professeurs peuvent contribuer à aider les enfants à cultiver ces vertus intellectuelles. Et vous aurez des élèves qui auront du plaisir à étudier, même en dehors de la classe.
Toute étude sérieuse commence par l’émerveillement
Le titre peut vous laisser penser que c’est un livre ennuyeux et trop cérébral, mais c’est une mine pour les enseignants et les parents : dans La vie intellectuelle, AG. Sertillanges postule que tout apprentissage commence par un état d’extase. Que veut-il dire ? Dans toute étude sérieuse on commence par sortir de l’endroit où l’on est fermement enraciné, on est levé au dessus du sol, on s’élève pour s’extasier devant quelque chose de beau, de vrai et de bon, quelque chose que l’on veut posséder. Là commence le statut d’élève. En tant que professeur, on déclenche cet émerveillement en exposant l’élève à des choses belles, bonnes et vraies pour susciter chez lui l’envie d’étudier.
8e conseil : Schole, contemplation et bonnes discussions
Que signifiait ce mot schole, qui a donné naissance au mot “école” (school en anglais) ? Il ne désignait pas l’école comme on l’entend aujourd’hui, il signifiait “loisir”, “méditation”, “réflexion”, “contemplation”, “réflexion de haut vol”. Avoir le temps d’échanger, rechercher, faire la conversation sur des choses qui en valent la peine, des choses belles, bonnes et justes. Ce que l’on devait faire pour gagner sa vie était appelé “aschole”, ne pas être détendu, sortir de la contemplation. Cette notion est passée dans la langue latine avec “negotium” pour désigner “négocier”, “les affaires”, le contraire de l’étude.
Alors, comment bien étudier ?
Les anciens avaient compris que pour étudier, il faut avoir ce loisir, ce luxe d’être libre, d’où le terme “arts libéraux” qui qualifie l’éducation classique. Il fallait avoir le temps et le loisir de rechercher ces choses qui permettait de s’humaniser et d’être une meilleure personne. Cela signifiait savoir contempler, prendre le temps, ralentir pour apprécier de belles choses. Aujourd’hui, où que vous soyez dans le monde – je sais que vous lisez ce blog aux quatre coins du monde 😉 – ne trouvez vous pas que dans l’éducation, on est trop pressés, stressés ? On sent rarement que l’on a le temps de prendre le temps pour rentrer en contemplation. Réfléchissez un peu, quand vos enfants ou vos élèves arrivent pour étudier, ressentez-vous une anxiété, un stress ? Ou au contraire un sentiment de paix et de contemplation ?On a tous besoin de se reconnecter à ces valeurs, ce sont les plus hautes dans la vie humaine.
Si je vous donne 2000 € pour passer un weekend et vivre une expérience profonde avec des proches, votre époux, des amis, comment les dépenseriez-vous ? Un bel endroit convivial pour échanger sur les choses essentielles de la vie ?Pour certains il est plus difficile de prendre ce temps de qualité que de travailler dur et s’adonner à toutes sortes d’activités. On a du mal à ralentir le rythme. On doit faire des efforts pour ne pas faire d’efforts, paradoxalement. Selon le savoir antique, Josef Pieper explique que l’esprit humain a deux facettes :
- Le ratio, ce côté de notre cerveau qui fait des recherches, réfléchit, collecte des informations et les organise. C’est notre côté rationnel, nécessaire bien sûr.
- Et l’intellectus. Ce n’est pas forcément un QI élevé. C’est ce côté de notre cerveau qui est capable d’être réceptif, de contempler les belles choses. Du latin intuo, voir, observer un bel objet, une œuvre, un paysage, sans intention de l’utiliser, d’en tirer profit, sans se soucier d’une action immédiate. Juste se laisser envahir par la beauté, la bonté et la justesse de ce que l’on contemple.
Cette capacité de contempler et admirer est une partie importante de notre être, en particulier pour l’apprentissage de savoirs. Son but n’est pas de viser de hauts salaires, quoi que ça puisse y contribuer 🙂 mais le plus important est que cette capacité à méditer et réfléchir humanise nos enfants et contribue à leur équilibre. Seule une personne qui n’a pas appris à prendre le temps de contempler les choses risque de s’ennuyer, selon Josef Pieper Selon les Grecs, école, loisir, ne signifiait pas forcément partir en vacances et “faire” tel pays par exemple, mais plutôt apprendre à recevoir et apprécier de belles et bonnes choses. Par exemple les symposium étaient des moments d’échange intellectuel en dégustant de bonnes boissons et nourritures. Prendre le temps d’avoir de belles discussions sans être restreint par le temps. En Europe, on a encore ce savoir-vivre, mais il se perd de plus en plus avec la modernité et la frénésie de la surconsommation.
Si vous m’avez lu jusque là, je suis heureuse que nous ayons pris le temps ensemble d’évoquer ces notions essentielles à une bonne éducation, pour nos enfants et tous ceux dont nous avons la responsabilité. Je ne voulais pas garder pour moi toute seule ces pépites de sagesse qui nous reconnectent au meilleur de notre histoire. Je pense qu’il faut s’en inspirer pour mieux éduquer et instruire nos enfants, leur en faire profiter. Le but est que le processus d’apprendre soit :- plus joyeux- plus agréable – plus épanouissant Que nos enfants soient plus :- libres- autonomes- apprennent à se forger leur propre opinion en ayant été exposés à des idées, des œuvres fortes, belles, justes, connectées à leurs racines, à leurs ancêtres. Pour retirer tout le bienfait que je vous souhaite à la lecture de cet article, je vous invite à télécharger le bonus ici, ce sont des fiches pour vous remémorer et donc pouvoir appliquer ces principes puissants.
D’ailleurs, en les mettant en pratique, j’ai remarqué qu’ils m’ont autant bénéficié à moi, dans mon travail quotidien, qu’à ma relation aux enfants, et pas seulement les miens d’ailleurs. Je ne vois plus les choses comme avant, je prends plus le temps d’apprécier les choses, les moments et les autres. Et le principe de répétition a vraiment fait la différence dans les apprentissages de mon fils pour mémoriser ses cours. Dites-moi ce que vous en pensez, si vous voyez des choses à améliorer ou si vous êtes complètement en désaccord. Je lis tous vos commentaires.
Et pour aller plus loin : The Liberal Arts tradition, by Rovi Jane and Kevin ClarkThe Lost Tools of Learning, by Dorothy sayers
2 réflexions sur “Pédagogie : 8 manières de mieux enseigner”
Top ! Très instructif ! Il faut que je relise tout ça au calme. J’ai essayé un moyen ludique, créatif de faire apprendre les tables de multiplication aux petites, par un jeu en bois de couleur, et Youpi ! Ca a marché, elles en redemandent, se chronomètrent, prennent le jeu sans que je leur demande. La plus grande maitrise presque mieux ses tables que les adultes ! Et la plus petite s’amuse déjà à en apprendre alors que ce n’est pas encore au programme de son niveau de classe ! 😉
Super intéressant, c’est quoi ce jeu, as tu un lien pour l’acheter ?